Écrivances

momo à son bureau

*Le poète a toujours raison *

D' Ovide à Aragon
le chemin de la poésie
est parsemé de souffrances et de cadavres
on meurt donc plus de raison que de déraison
la poésie est un vaste labyrinthe jonché de palimpsestes
et tous y ont gravé leurs désirs et leurs rêves
Villon, Nietzsche, Maïakovski, Tzara, Cravan, Igé, Baudelaire, Rimbaud
Artaud, Verlaine, Mallarmé, Poe, Lautréamont, Prevert, Duprey, Michaux,
Salabrreuil. pour ne citer que les plus connus, avec des milliers d’autres
troubadours ont donné vie à cet immense parchemin de versification
Écrire, c’est aussi combattre et résister
C’est dans les livres ,la littérature, que se forge la culture
C’est dans les médias audiovisuels que se sont renforcés le mensonge, le crime et
La perversité, l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
Rien ne vaut une fausse vérité filmée pour faire avaler la couleuvre
C’est à ça que servent les artistes , les fous du roi, les pantins du petit écran.
Qu’on les coupe en morceaux et qu’on les donne aux chiens
Le monde sera bientôt une chape de béton munie d’un immense
filet de protection qu’il nous faudra déchirer sans cesse
Devrions­nous nous cacher dans les fissures de ciment.

je suis , je reste et resterai un éternel adolescent.
J’aime les péniches, le jeune Rimbaud et les pieds nickelés
J’aime les bruits de la mer, sentir les vents, admirer les oiseaux, les tempêtes
J’aime l’amour fou, les révoltés, les mots justes, ou juste les mots
J’aime les arbres, les livres la charcuterie allemande
J’aime les outils bizarres, les crochets du gauche
J’aime les empilements de livres et d’objets hétéroclites
J’aime ces égarements dans les folies quotidiennes
J’aime ce silence de la nuit
J’aime les cris d’oiseaux
J’aime l’anatomie , l’âne à tommy aussi
J’aime la complexité, la simplicité, la difficulté
J’aime tourner à gauche, perdre mon chemin
J’aime les odeurs des temps
J’aime à réinventer l’amour
J’aime les femmes et leur douceur éphémère
Le bon dieu me le pardonne, je suis amoureux.
Je n’aime pas la loi, l’ordre établi, les abrutis quoi !
Je n’aime pas ceux qui tournent toujours dans le même sens
Je n’aime pas les sens giratoires, les sens interdits
Je n’aime pas les cages à poules, ni les poules en cages
Je n’aime pas le développement durable
Je n’aime pas les cons qui marchent au pas du clairon
Il est temps que sonne le glas des marchands de canons
Que notre révolte ne soit pas dans un site­Web à la noix
Que le sang des cons soit le berceau de la révolution
Il nous faudra cogner dur et juste, sans pitié aucune
Alors, seul le sang des nobles abreuvera nos sillons
Je voudrais avoir mille vies, et un peu plus encore

Je voudrais marcher sur l’horizon, toucher du doigt le soleil levant
Déchirer la toile pour voir en dedans, y écrire en gros mon mal de vivre
Je voudrais comprendre ce que nous disent les vents
Je suis pour une écriture désinvolte, réfléchie, déchirée, maladive, automatique.
J’ai du mal à rattraper mes mots, ils fuient à peine sortis de mon cerveau.
J’ai parfois du mal à me joindre .
Et la colère me fait parler à l’envers
Cent dix kilos, ça en fait des gros mots
Je manque de mots doux , de temps clément , d’amours frénétiques
Je recommencerais bien tout depuis le début, encore une fois, s’il vous­plaît
Juste une soixantaine d’années de plus
Je ne voudrais pas mourir d’un mal au cul
Je suis l’infâme vagabond sans foi ni loi
Je marche sur l’invisible jardin suspendu de mon imagination
Un jour ils me jugeront d’un regard pervers
Puis ils me pendront à leur potence à gibier

Je crache sur ce monde cravaté
Je suis un colis­maçon sous un escalier de verre
Je retourne derrière le miroir , juste pour voir
Je veux me refléter dans l’infini des choses
J’ai mal dans mon antre , je chie sur les religieux
Je suis un écartelé du ci­boulot
Un artiste sans art, un ouvrier œuvrant sans cesse
Je dévalerai vos escaliers un matin de printemps
L’œil peint et la frimousse empaquetée dans un linge de douceur
Me fuir sera vous fuir

Toute ma vie je me suis enivré de littérature et de rêves
J’ai tapé dans la pierre
J’ai même tapé dans l’œil de quelques ­unes
J’ai pas toujours tapé dans le mille
J’ai joué avec le feu.
J’ai parfois loupé le coche.
J’ai pas toujours eu raison, mais les autres ont toujours eu tort.
J’ai toujours rêvé de mordre un éléphant en colère.
Sans doute que l’état de mes dents n’a pas favorisé le passage à l’acte
Pour toi Gudrun à qui la vie n’a pas toujours été en rose.
Pour ton regard qui tue dans les coins et ton nez mi­-aquilin.
Pour ta grande fragilité à fleur de peau.
Pour ton humour hardi qui aurait fait pâlir Laurel.
Je te donne ce poème, sans peur et sans reproche.
Qu’il te raccroche à cette douceur de vivre.
Que l’on devine dans le fond de tes grands yeux bleus.
Regarde au loin, de l’autre côté, c’est pour nous .
Sur une tâche grise, il y a un bateau qui part à la dérive comme un bruit saugrenu.
Ne restons plus dans le silence.
*



*Confidences*


nageant dans l’immensité des rêves
surfant sur une vague de dissonance
transbahuter d’un souvenir à une résonance
dormant les yeux ouverts
m’octroyant de tous les droits divins
je pisse sur la sainteté
ma plume se plante là où elle le veut
parenthèse musicale
étranges vibrations mécaniques
d’un rappeur sinologue
frôlant l’intolérance de l’ouïe
un songe audacieux m’envahit
moment de plaisir partagé
Nostalgie romantique
surfant sur un nuage
j’interroge le néant
séduit les déesses de l’olympe
et vénus callipyge
qu’ouis­je alors dans mon voyage
Jésus était puceau
Mahomet illettré
Pie XII analphabète
et Marie curie
j’en reste baba


*Échec et Mat*

Étrange oscillations de lumière
Flammes incandescentes, gouttelettes.
Insensible renversement des sens
Ce jeu a débuté dans les temps

Au fond d’un profond sommeil
Une rêverie bleue
inondé de son irréalité
Échec et Mat
bruits, cris, hurlements
dans sa tête se bousculent
les coupes­ fin de la vie.

Errant comme un corps vide
transbahuté d’une idée à une autre
dans un cimetière de mots obsolètes
Fuyant les temps morts
et les chimères de la vie.
Se souriant à lui­même
dans un univers froid.

Seuls les mots respirent.
Mais pour dire quoi, à qui
dans un monde débordant
de culs­de­jatte du cerveau
vendus comme des radis
sur le marché des ombres.


*Pas fier de l’être*

L’étrangeté de l’être me fascine
Le cul sur la lune, je refais le monde, le mien
Et je vois tous ces culs qui refont le monde et ne se parlent presque plus
L’irrationnel, c’est bien cette absurde collaboration avec la barbarie
Cette immonde veulerie qu’est le monde du mensonge où nous vivons
Aujourd’hui il faut plaire à dieu, à l’état, il faut être :
Pleutre, servile, hypocrite , aboulique, citoyen quoi
Menteur, spéculateur, électeur, dénonciateur, citoyen quoi
Il faut avoir des projets porteurs
Avec sa banque, son assureur, son commissariat, son patron, sinon quoi
Aujourd’hui pour ne pas être suspect il ne faut pas :
Avoir des poils sous les bras, une carte de syndicat
Cracher sur les curés, affabuler les dulcinées
Être pauvre et anti­curé, forniquer païennement
Paraît que le capitalisme se meurt, aidons­le
Pour une fois tirons sur les ambulances, pas de quartier
À boulet noir et rouge
Faisons leur péter la courge

*le fou du four*

dans un vieux four suspendu, un maçon.
la tête appuyée sur le rebord de sa truelle
le niveau coincé dans un joint de brique
cherche une issue favorable

Pris d’une monstrueuse érection
les mains dans le coulis rougeoyant
les boutons de sa braguette explosent
contre la paroi de l’incinérateur.

Une véritable course contre la montre
s’engage alors pour sauvegarder
l’apparence d’un bien être maîtrisé .
Face au regard inquisiteur du contremaître.

Comptant et recomptant les poils d’un vieux chat errant .
L’épineuse situation du fou bandant se durcit
Dans la fournaise, la foule en colère hurle sa déception
le marteau piqueur s’élance dans le béton fumant

pris d’un soudain malaise , le maçon s’envole
emmenant avec lui le vieux chat, la truelle et le niveau
puis en guise d’adieu, lance un bras d’honneur
tout en récitant des incantations berbères

*plus j'y pense*

je ne pense qu'à autre chose.Mais,
avant d'y penser j'en rêve longuement.
Et plus j'en rêve, plus j'y pense.
ce chavirement interieur me fais pencher
vers des questionnements stoïciens.

aprés avoir parcouru le néant de l'âme
je me suis noyé dans une spirale multicolore
jusqu'a ne plus voir rien
qu'une lumière blanche incandescente.

cette approximation de mon être
me fait penser à cette autre chose.
ces remous dialectitiens en mon intérieur
raisonnent comme un bouquet de raffinements

qui suis-je, dans cette marmitte de contradictions
en fusion perpétuelle
remplie de réalitées fuyantes et d'autres imaginaires
aprés avoir perdu tout amour à jamais.

je t'ai tellement rêvé, tellement ésperé
je pars sans pensées, sans rêves, sans rien.
je te donne tout, je sais que tu veux rien
seul tes désirs te seront.