souvenances

momo à l'ordinateur

*L'amulette facile *

Ils sont partis bien tôt, si loin, sans rien nous dire, sans faire de bruit.
Souvent je ferme les yeux pour mieux les voir, sur un rivage lointain, nos regards se croisent,
ils me sourient et je leur souris aussi.

Seuls restent mes souvenances éphémères.Calligraphies et objets hétéroclites
jonchées sur le sol de la vieille deux­ chevaux, bois et
pierres sculptées tombés dans l’oubli des greniers familiaux.
Le poète est mort dans sa solitude, il ne s’est plus alimenté, depuis quelques temps
il se perdait, happé par l’espace comme il aimait le dire.
Ombre dénudée au petit matin, enveloppé dans les brouillards d’une soirée riche de
rencontres, follement alcoolisée , succombant aux plaisirs des douces nuits agitées
d’une adolescence frénétique.

Tu es parties sur cette tache grise, sur ce bateau imaginaire , et je n’ai pas sû te retenir,
te dire combien nous étions proches, et basta ! notre amour n’est pas mort, je te parle parfois,
la nuit, et tu me réponds, mais bien sur je n’écoute pas, je suis incorrigible .
Je suis mort je ne sais combien de fois, je me construis de décès récursifs, me forgeant du
métal le plus noble à chaque revivance
Nous rentrions au petit matin, hirsutes, amoureux, souriants et pleinement satisfait de nos
logorrhées, le ventre rassasié par nos ripailles tardives copieusement arrosées de mots et de spiritueux.
Dans cette vie nocturne faite de discussions sans fin , entassés dans de petites salles
enfumées, de forums en ciné clubs, bien souvent en sous-sol où au fond d’une cour vieillotte,
puis de nouveau de bistrots en restaurants de nuit.

Imperturbables dans un brouhaha épouvantablement enfumé, nous trouvions ici notre
bonheur et nous refaisions le monde toutes les nuits, finissant une fois chez les uns, une fois
chez les autres, des rencontres, des amours naissaient et se finissaient au sein de ces affinités singulières.
Nous défilions sans cesse, pour toutes les causes sans exception, courant de meetings en
manifs, de rassemblements en concerts, de cinémas en débats, de disputes en bagarres, de
liaisons en ruptures, de collages d’affiches en réunions, notre vivier semblait inépuisable de découvrances.
Chaque jour ou presque était une découverte, celle d’une personne, d’un auteur, d’une idée,
d’une ville, d’un lieu nouveau.

Au grés de nos errances des affinités et des rencontres naissaient et se défaisaient.
nous nous nourrissions de ce contre­courant alternatif pour nous sentir en phase avec nous­ mêmes.
Au fur et à mesure que nous forgions nos idées, nous bouchions nos artères.
Dans cette formidable contradiction, nous débattions, luttions contre la tristesse d’une
culture transgénique lissée par de vils faquins.


*Trans Mémoires Blues *

* Trombe d’ images défilantes , diaporama interne à mon cerveau, clips fous et
rapides, vagues brides de souvenirs de ma jeunesse, de l’enfant, de l’adolescent,
du monde du travail, des loisirs, de la militance, rien ne se mélange, mais rien ne
se suit, de nombreuses périodes ont disparu dans l’oubli.
Mes silences ne me réveillent plus, mon sommeil s’est endurci. C’est une danse
monosyllabique qui berce mes pensées, de bribes en brides, les trous noirs
s’éclaircissent, les puzzles se recomposent doucement.

Je traverse une nuit sans fin, je me lève et je me couche au petit matin, entre les
deux, parfois une amnésie s’installe, seuls les rêves sont là, constants, plusieurs
mois, voir plusieurs années sont passées et je les reprends là ou je me suis arrêté
comme on reprends le chapitre d’un livre..
Je suis un vieux matelot qui reste à quai, semant des mauvaises graines dans un océan asséché.
Il m’arrive de passer devant les choses sans les voir réellement, éternellement
absent pour le commun des mortels, je vis ailleurs, leurs mots cafouillent comme
des incongruités malfaisantes, sens et non­sens dans cet univers inculte où se
glorifient les porcs, je ne peux me conformer à cette cupidité profondément
enracinée au fond de l’écuelle qui leur sert de cervelet, à leur analphabétisme glorificateur.

Cette irrationalité de la vie me donne la nausée, l’individu glorifiant son bourreau,
On peut se demander pourquoi vingt milles ouvriers sous-payés , spoliés, insultés
tous les jours que font leur vie, restent momifiés face à leur condition, pour
quelques sous qui ne leur suffisent jamais, s’écrasent comme des merdes devant
quelques cadres et dirigeants qu’ils leur serait si facile d’exécuter .
Ce contentement d’être méprisé sans cesse, cette joie de vivre dans l’avilissement
et l’inculture, il faut bien le dire, me troue le cul.

Il importe peu de savoir pourquoi un pauvre va voler un pain parce qu’ il a faim
ou pourquoi un individu va tirer dans un conseil municipal quand il en peut plus de sa vie
Ce qu’il nous faudrait comprendre et expliquer, c’est pourquoi la majorité de la
population ne vole pas les riches et ne tue pas leur patron et les politiciens qui les
gouvernent, alors que tout les y oblige.

Écrivains et pisse­copies nous bourre le mou de mensonges avec de la littérature
de chiottes, polluant des cerveaux déjà bien amoindris, romançant la moindre vie
d’une belle­mère ou d’une première dame ayant souffert d’un cancer au cul ou
d’une pensée malthusienne qui lui secouait le cocotier et celui de son psy, ce dont
tout le monde se fout, ces millions de livres sans cesse dans les cartons d’invendus
et de retour à l’envoyeur ne font que le bonheur des transporteurs routier.

Leurs informations fabriquées de toutes pièces par des « spécialistes de
l’esbroufe », politologues et proctologues de la pensée rectumienne des États,
nous rabâchent sans cesse les éternels « Si vis pacem, para bellum »." Faute de blé
on mange de l’avoine. " a quia, a posteriori, a priori, a parte, a minima.....
Et mon cul c’est du poulet.


*Alea jacta est *

* Trouvère s’il en est, je me raille de ma verve
je suis un étymologiste drolatique sans racine
Soustrait à l’obsolescence programmée du genre littéraire
Prévalent d’une protolangue révolutionnaire
J’emmerde les spécialistes de la xyloglossie

:« Je la cause comme je la suis et je la répète »
me racontait un bon bougre dans la détresse
Fort de sa conversation captivante, je répliquais illico
:« un écureuil qui se gratte les noix, ça n’existe pas ?

Il n'’insista plus et disparut dans un brouillard

Suspendu à la tangente de la confusion
Je prête à rire et à penser
Sur l’autel de la dérision, je vais sans crier gare
De vers­coquins en persiflage je fais haro

Nul ne m’oblige, mais les inflexions m’enlisent
Dans une phonétique inflationniste
Agre agre agre, beu ba bi bo euh !je résiste !
La poésie est dans la mue.

Un soir de printemps je partirai
Avec le plein de mots avant­coureurs
Aucun matin ne viendra me chatouiller


*Régicides de tous les pays unissons­nous *

* On peut penser parfois que l’individu n’est qu’une abstraction, un mythe,
une entité à qualia variables.
On peut aussi penser que nous ne sommes qu’une constituante d’atomes et de molécules éphémères.
Voir un forme, un motif ornemental, honorant un dieu­esprit, un neuroleptique de l’univers.
En fait, nous sommes de sacrés emmerdeurs, prêts à tout pour notre propre anéantissement.

Lorsque les médias nous parlent de la fuite des cerveaux, je ne pense pas qu’ils
sachent à quel point ils ont raison, cet état de fait perdure depuis longtemps et il ne reste que peu de liquide à s’écouler.
Faute de conscience la fuite est plus rapide, puisque il n’existe pas de rustine pour les atome.
Dans sa revue « Maintenant », Arthur Cravan écrivait :
" avec la seccotine, vous ne pouvez rien casser mais vous pouvez tout réparer."
Ce qu’il ne savait pas c’est que la seccotine disparaîtrait quelques années plus tard

Sacrifié au monde de la finance, du mensonge et de la veulerie,
les classes les plus pauvres de ce monde se voient livrées au désarroi,v à la mendicité, a l’incurie, à une finitude programmée.
Laissées pour compte par un état et une administration collaborationniste.

Au contrôle permanent de milices armées dont le niveau intellectuel ne dépasse
pas le niveau d’une station d’épuration, mais dotées d’un armement des plus
sophistiquées, ces animateurs zélés des quartiers sensibles sont bien la lie de notre monde.

Il est peu probable que ce soit avec les armes que nous pourrons détruire la
bourgeoisie, ses droits, ses milices, mais avec ce qu’elle n’a plus, des concepts,
des idées, de la réflexion, des cerveaux, une praxis collective.

Avili par l’idiotie, livrée à la bêtise, à l’infamie, à l’abdication, l’incompétence,l’aboulie,
le racisme, l’impudence, résultante d’une organisation de la société
entièrement basée sur l’appât du gain, leur auto­dégénérescence travaille pour nous.

Hautîn, méprisant,mais affaibli, le capitalistes meurt.
Le cerveau pollué par les dictionnaires administratifs.
le cul coincé entre deux chaises adéquates.
la cravate raide pour cacher l’indigence neuronale.
L’honorabilité métamorphosée en infamie fienteuse.
Camarades, tirons sur les ambulances.

Ad vitam æternam, ce que nous devrions appliquer :
Ne plus consommer la merde des industriels.
Retirer l’argent des banques à chaque occasion.
Ne plus se faire « soigner » par des charlatans.
Ne plus hurler avec les loups

Ne gravez plus vos noms au bas d’un parchemin.
Ne vous mariez plus, homos, hétéros, hannetons, il suffit !
Je vous le dit, moi, grand farfadet des provinces de fadas.
Il ne faudra pas longtemps pour que leur système soit mis à mal.
Attention un cimetière peut en cacher un autre.


*Souvenance*

Le papotement incessant d’ insectes maudits
remémore en moi des souvenirs enfouis.
Inoculant leurs plus profonds secrets
dans les tiroirs de ma mémoire .

Au fond du bocal dansent les batraciens
grenouilles rigolardes et vipères moqueuse
gouaillent de plaisirs.
Indécentes et rebelles, dans leurs carrosses dorés
les belles se lamentent de tant de bonheur
enténébrant les pensées qui me hantent.

La liqueur noire coule dans le foyer rougeoyant
tandis que résonne le tremblement des tuyauteries .
Une nuée de casques multicolore se déplace
dans un nuage de poussière noirâtre.

Le hurlement des sirènes perce la nuit
la vieille usine brille de ses milles ampoules
tel un ciel étoilé perdu dans la galaxie
humant l’odeur des gaz et du soufre.

Le vieux cheval à défait sa crinière
l’ouvrier agricole le suit sans bruit
Tous deux chantent une vieille complainte
et s’éclipsent dans le manteau de la nuit.


*Agrilak kaligra*

L’équilibre précaire, l’amante religieuse
amouraché d’un artifice au dialecte charabiatant.
Le cerveau rongé de constantes migraines
haranguant les foules de sa verve méridionale
le poète trouble l’ordre de ses baragouinements,

ifac doulatour de kaligra nonoharybac jifredoux.
l’oiseau chante ce doux refrain sans interruption
et le poète lui réponds en gonflant ses poumons
xouderfig cabyrahonon agrilak ed routaloud cafi.

écriture éparpillée d’une mémoire insoumise
le poète et l’oiseau brisent la rigueur des mots
de la bouche de l’oiseau au bec du poète
ricochent en cœur les syllabiques dissonances.


*Ivresse d'automne*

L' immobilité de la matière m' exaspère
Je veux voir et toucher le fond du vide
Chevaucher les hippocampes bleus
Retoucher l'infini de la pointe de mon pinceau
L'ombre d'une mémoire endolorie
crachant sans cesse ses imprécations
Brides éparses de souvenances séculaires
raréfiant mes rêves les plus enfouis
Pompeuses suppositions d'une époque révolue
les douleurs deviendraient elles indispensables
aux seuls dépréciateurs d'un monde vénale.
Assurons nous de descendances cruelles.
Libérons les sardines
C'est en édentant que nous deviendrons èdenteurs
professant des louanges cauchemardesques
sur les croix des enfances attardées.
Je voudrai des temps infinis et calmes
Sommeiller sur des vagues océaniques
être engloutit par les flots et disparaître
dans un tourbillon de bonheur sans fin.


*Rêveries*

Étrange oscillations de lumière
Flammes incandescentes .
Insensible au renversement des sens
d’un jeux débuté dans les temps jadis

Au fond d’un profond sommeil
Une rêverie circulaire
furieusement irréaliste
me montre du doigt.
Échec et Mat
bruits, cris, hurlements
dans la tête se bousculent

Errant comme un corps vide
Chahuté par une pensée éphémère
dans un cimetière de mots obsolètes
Fuyant les temps morts
et les chimères de la vie.
souriant d’un rictus gauche
dans un univers froid.

Seuls les mots respirent.
Mais pour dire quoi, à qui
dans un monde débordant
de culs­de­jatte du cerveau
vendus comme des radis
sur le marché des ombres.


*Demain vois­tu*

Je ne suis plus sur de rien
Un vide m’emplit le corps
je disparaît dans l’abîme
est­ce la douleur du néant
qui me remplit de haine
je saigne des hurlements
de rage et de violence

Et mes cris se sont tus
ils sont devenus trop durs
et ont éteins mes sons.
J’ai cherché dans la nuit
le noir qui fait rêver.
Au travers des paupières
se devinait la lumière

Brûlot de polémiques
piqûres de mouches à merde
tatouant l’horizon
de jurons anarchistes
Éructant d’inconcevables
pensées nauséabondes
chimères des illusion perdues.

Je baiserai ton front
mon enfant mon amour
j’ai tant fauté d’aimer
je vais mourir sous peu
Insaisissable sentiment
de soulagement et de douleurs
étrange dilemme que ce choix
entre la peste et le Choléra

je veux juste voir l’instant
ou rien n’aura d’importance
alors je toucherai les vents
et je te sourirai pour l’Éternité.